Qui n’aime pas le bruit du « Plop » lorsque le tire-bouchon sort le fameux sésame de la bouteille ? Le liège est un matériau possédant de nombreuses qualités techniques en tant qu’obturateur d’un contenant. Connaissez-vous son histoire ?
La première preuve de l’utilisation du liège dans le monde viticole remonte au 1er siècle avant Jésus Christ. Une amphore trouvée à Ephèse était bouchée d’un bout de liège et contenait des traces de vin. A la fin de l’Empire Romain, les amphores sont remplacées par les tonneaux qui facilitent le transport et le service du vin directement en pichet. Le liège à usage vinicole sera donc délaissé pendant longtemps. Son utilisation fera son retour au 17ème siècle avec l’invention et l’utilisation des bouteilles en verre qui révolutionnera la consommation du vin et son commerce avec les Anglais et Hollandais. À cette époque en effet il est devenu possible de créer des bouteilles de vin en verre dotées d’une forme quasiment uniforme. C’était la condition nécessaire pour que les bouchons de liège prennent le pas sur ceux en cuir, argile, cire ou verre.
En effet, accomplissant bien leur tâche d’étanchéité avec un tissu faisant office de joint, les bouchons de verre n’étaient pas faciles à retirer sans casser la bouteille qui les contenait. De plus, ils étaient chers et difficiles à fabriquer car ils étaient soufflés à la main. Il fallut attendre vers la fin des années 1700, pour parvenir à créer des ouvre-bouteilles faciles à utiliser, destinés aux amateurs de vin ou aux propriétaires de tavernes. Ils étaient une conséquence de l’utilisation du liège comme matière pour boucher les bouteilles. Le liège offre une prise en bouteille, une qualité de scellement, bien supérieure à celle du verre, du cuir, de l’argile ou de la cire. On ne peut le retirer à mains nues. C’est à partir de cette rencontre que le vin a acquis la capacité de vieillir et d’évoluer à l’intérieur de son contenant.
Dans les années 2000, le marché des bouchons de liège a connu une chute importante de qualité. Les dérives ont été nombreuses et une baisse de rigueur de la part des fabricants fut constatée. A ce moment-là, il y eut un nombre important de bouteilles bouchonnées et de couleuses. Il s’en est suivi l’augmentation des capsules à vis, des bouchons synthétiques sur le marché des obturateurs. Afin de ne pas disparaître, les bouchonniers ont dû augmenter les contrôles qualité de leur matière première. Selon la définition, un obturateur est un objet ayant pour fonction de boucher une ouverture. Mais dans le vin et l’œnologie, la mise en bouteille est un moment décisif.
Comment est fabriqué un bouchon ?
Le liège est produit à partir d’un matériau ressemblant assez à l’éponge : l’écorce du chêne-liège. Également connu sous le nom de Quercus Suber, les chênes-lièges sont des arbres vénérables et assez grands. Ils sont principalement cultivés au Portugal. Environ 80% de la production mondiale de liège en est originaire. Sachant que les 20% restants viennent pratiquement tous d’Espagne ! Après qu’on ait récolté son écorce, le chêne-liège continue à produire. Cependant cela prend beaucoup de temps, ce qui explique pourquoi elle n’est récoltée qu’une fois tous les neuf ans environ. Pour éviter que l’écorce du même arbre ne soit retirée trop souvent, chaque tronc est peint. Lorsque la peinture est recouverte, les agriculteurs savent qu’ils peuvent prélever à nouveau.
Après la récolte, le liège a besoin de temps pour sécher, c’est pourquoi l’écorce est placée sur des surfaces propres jusqu’à ce qu’elle soit débarrassée de son eau résiduelle. Le séchage prend entre un et six mois selon l’humidité et la densité du liège. Une fois qu’elle est suffisamment sèche, elle passe par plusieurs processus. Une ébullition du liège a lieu dans de grandes cuves en acier inoxydable qui le nettoie et le stérilise tout en le ramollissant, ce qui permet de le modeler à souhait. Les bouchons de qualité optimale sont ensuite découpés à l’emporte-pièce, alors que les bouchons de moindre qualité sont fabriqués à partir de lambeaux et restes d’écorce de liège agglomérés et compressés. Après avoir été découpés, ils sont à nouveau lavés, nettoyés, stérilisés puis séchés. Ensuite les bouchons sont triés par qualité, mis en sac et expédiés aux embouteilleurs et aux caves.
On dit que le chien est le meilleur ami de l’homme, c’est faux. Moi je dis que c’est le tire-bouchon.
Jean-Jacques Peroni