Niché sur les coteaux du village de La Rivière à côté de Fronsac, vous pouvez apercevoir le Château Maroy. Exploitation familiale gérée par les Frères Eyma : David et Laurent. Je suis partie à leur rencontre pour connaître l’histoire de leur propriété.
« Nous sommes la quatrième génération qui fait du vin au Château Maroy. Nous tenons l’exploitation de notre père qui la tenait de sa maman et elle de son papa. A l’époque de nos grands-parents, ils avaient de petites parcelles à droite à gauche. Ils avaient plusieurs activités. Notre grand-père était pêcheur en même temps. Notre père a repris en 1988/89 après ses parents. Il avait 5 hectares à lui et 2 hectares de fermages » explique David. « Nous, on a repris en 2014, notre père a voulu partir à la retraite et il nous a laissé les vignes qu’il ne voulait plus faire. Donc on n’a pas eu le choix de monter une structure » continue Laurent.
Après des études dans le vin, la logique pour eux était de continuer dans cette voie. « On a voulu travailler dans ce domaine professionnel parce qu’on est tombé dedans quand on était petits. Les études ne voulaient pas de nous. A la suite, on est parti travailler dans d’autres châteaux pendant 10/15 ans, notamment chez les voisins. Je suis parti faire de la prestation ailleurs ce qui m’a permis de voir d’autres régions et j’ai pu apprendre à piloter des machines à vendanger » dévoile David. « On était tous les deux à notre compte avant de reprendre l’affaire familiale. Sur le papier, on était là mais en pratique on était partout : on continuait à aller tailler chez les gens. Il a fallu faire une transition doucement » précise Laurent.
« La première année, on est passé de 5 à 8 hectares. On a pris du fermage !«
Laurent
« En 2015, un voisin voulait partir à la retraite, ses filles n’étaient pas intéressées pour reprendre donc il nous a vendu ses 5 hectares. On est donc monté à 13 hectares. Actuellement, on redescend parce qu’on a arraché des parcelles où les vignes étaient trop vieilles. On est aux alentours de 10/11 hectares en production. Tout est sur la commune de La Rivière, à différents endroits : sur le plateau, dans le coteau et dans la palu » révèle Laurent. « Aujourd’hui, on est à 3 hectares de Fronsac et 8 en Bordeaux environ. Tout n’est pas en Fronsac parce qu’on est limite appellation. D’un côté de la route on est dans l’aire d’appellation Fronsac et de l’autre côté on est en Bordeaux. Les vignes en Fronsac vont être plus sur les coteaux et plateaux et celles en Bordeaux sont dans les palus au bord de l’eau et dans les tourbes » ajoute David.
Raisonné ? HVE ? Bio ? « Nous sommes en agriculture raisonnée voire plus. Moins on traite mieux on se porte ! Ca ne sert à rien d’aller mettre des produits pour en mettre. On ne revendique pas qu’on est raisonné. On fait notre possible, on fait des choses qu’on nous imposerait pour l’environnement. Sur l’année 2022, on a fait seulement 5 traitements. On a battu notre record. Nous sommes en zone de flavescence dorée* intensive donc on nous impose de diffuser certains insecticides que tu sois en bio ou non. Je suis sceptique sur le fait que d’un côté, on t’impose de mettre certains insecticides alors que d’un autre côté, on nous dit qu’il faut qu’on fasse attention » dénonce David. « Ce n’est pas très logique ! On ne regarde pas l’essentiel. Oui il y a des choses qui disparaissent mais d’autres reviennent. Certains animaux nous font plus de dégâts. Ici on est envahi de ragondins. Ils taillent et ils épamprent à notre place. Depuis qu’on a un plantier d’un hectare vingt, on a jamais pu le récolter correctement entre le gel, les ragondins et les chevreuils » ajoute Laurent.
« On est tributaire de la nature. On le sait bien et on fait avec«
David
Flavescence dorée : C’est une maladie de la vigne qui peut causer des pertes de récoltes considérables, aux conséquences parfois désastreuses pour la pérennité d’un vignoble contaminé. Cette maladie est provoquée par la présence de phytoplasmes, et est transmise par des insectes : les Scaphoïdeus titanus.
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