Château Magondeau, une histoire ancestrale La suite

Repartons à Saillans pour découvrir la suite de l’histoire du Château de Magondeau. Rappelez-vous, Olivier Goujon est la quatrième génération de vigneron sur la propriété. Il détient 18 hectares. En 2003, il a arraché ses derniers pieds de cabernets pour y planter…

« J’avais un rêve… Celui de faire du blanc ! Je suis un amateur de Pouilly et de Sancerre (des vins du Val de Loire). J’ai un ami qui en fait un super bon et on se retrouvait souvent sur les salons. Je voulais faire un vin assez convivial comme le moment qu’on passe avec ses amis. L’idée était d’avoir un vin à base de 100% de sauvignon blanc. En discutant avec mon cousin, il m’a conseillé d’essayer les sauvignons gris parce qu’avec seulement du sauvignon blanc, le vin allait avoir une belle attaque mais il allait retomber très vite dû à nos terroirs argilo-calcaire. Je l’ai donc écouté et j’ai fait un assemblage 70% de sauvignon gris et 30% de sauvignon blanc. Bien m’en a pris parce que nous avons des résultats sympas. On a fait une petite vinification, une partie en fût et une partie en cuve. J’appelle ça la bouteille de la porte de frigo ! Dès qu’un copain passe, on boit un coup de blanc. C’est le discours que je tiens aux clients : le samedi soir, vous vous mettez une bonne caisse, le lendemain matin une bonne douzaine d’huitres et un coup de blanc et on remet le facteur sur le vélo! »

Partons à la découverte des différents vins de la propriété : « Nous avons deux vins et une cuvée en appellation Fronsac. Un premier qui est élevé en cuve : le château Magondeau, un vin puissant avec des arômes de fruits rouges et une jolie structure tannique en 100% merlot. Un deuxième qui connaît un élevage en fût de chêne 12 mois avec un tiers de fût neuf : le château Magondeau Beau-Site, un vin avec des tanins puissants et un bon potentiel de vieillissement. Il a des notes de fruits noirs et d’épices ainsi que des arômes de grillé et de torréfaction. Pour les belles années, nous faisons une cuvée Passion, en sélection parcellaire, un élevage de 17 à 18 mois en fût avec 60% de fûts neufs. Il a des arômes de fruits et de fleurs ce qui apporte une grande complexité en bouche, des tanins soyeux. »

« Depuis 4-5 ans, je vinifie en 300 litres !« 

olivier

« Je retrouve beaucoup d’avantages ! Une meilleure relation qualité/ prix, le fût vieillit moins vite puisque le contact se fait plus lentement et on peut stocker plus de vin au même endroit. » Pour continuer la gamme des vins, Olivier déclasse du Fronsac pour faire un Bordeaux. « Dans cette gamme, je fais un blanc dont j’ai parlé précédemment, un rosé à base de rosé de saignée* en 100% merlot. Il tire un peu vers le clairet, je ne fais pas un rosé pâle comme en Provence. Je veux garder mon identité et je ne suis pas là pour les copier. Mon but est de faire un rosé croquant, fruité et une jolie couleur pêchue. Je produis également un rouge qui est sur le fruit et agréable. L’intérêt est de faire quelque chose de jeune. J’ai la chance d’être en Fronsac parce que ça reste une petite appellation : 750 hectares. C’est une appellation qui est en train de bien percer parce qu’on reste dans de bons rapports qualité/prix. Avec Canon et Fronsac, il y a une surface de 1000 hectares. 35% de l’appellation appartient à des Chinois. »

Connaissez-vous le Bordeaux Bashing ? Olivier se confie sur le sujet : « On essaie de se battre contre le Bordeaux Bashing mais quelque part on y a contribué ! Entre les grands crus qui sont hautains, pédants et donneurs de leçons à l’étranger qui veulent faire croire qu’ils sont les champions du monde et ensuite la pléthore d’appellations, de prix, de produits… Il n’y a plus de lecture à Bordeaux ! Les gens sont perdus, c’est trop compliqué ! »

Passons à un sujet important : les traitements. « HVE on l’est ! Ca nous permet de dire aux gens qu’on travaille plus propre qu’on le fait déjà. Seulement les Cash Investigations ont fait beaucoup de mal. C’est bien de dénoncer mais il faut proposer des solutions ! J’en parle à mes clients, aujourd’hui je suis HVE mais avant c’était quoi ? Je reconnais que lorsque je suis revenu dans les années 80, le marchand de phyto venait et il me demandait quand est-ce que l’on commence à traiter ? Je lui disais « vu comme c’est parti au 10 avril on fait le premier traitement » et du 10 avril au 14 juillet minimum voire plus tard quand c’était humide, la feuille ne voyait pas un brin de soleil sans une couverture phyto et c’était des produits forts. 3 anti-botrytis notamment… Ce n’était pas de l’eau bénite ! Plus des huiles de pétrole l’hiver pour les maladies du bois. J’ai des photos de moi, le tracteur pas de cabine, je fumais donc la clope au bec et je traitais. On en mettait partout puisque l’on traitait au canon ! Maintenant, nous avons des stations météo qui nous guident dans les prévisions. « 

« Dans les vignes, j’y suis ! Je fais des simples travaux à la vente. J’ai le nez dedans, s’il y a de la maladie je la vois ! »

olivier

Seulement les moyens et les budgets ont changé ! « Tout le monde veut faire du bio. Tellement que le marché est saturé. Tous les voyants sont au rouge dû aux erreurs stratégiques des années 95-2000 quand on a planté 30.000 hectares de plus et qu’on a arraché des bois partout. On a vu des vignes où elles n’ont pas lieu d’être. Maintenant même dans le Nord, ils plantent des vignes. » Un autre problème touche les viticulteurs : la communication ! « On connaît un vrai problème de communication. Le discours de Farges est de dire que les petits Bordeaux doivent se mettre en IGP. C’est facile à dire, il n’a jamais vendu une quille de vin, il porte tout en cave et ça dirige le CIVB. Nous cherchons à développer l’export parce que c’est l’avenir, le marché français est saturé ! Nous travaillons avec l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Norvège. J’ai eu collaboré avec la Chine mais c’est tombé à l’eau car le marché là-bas est plein. »

Je lui ai demandé ce que je pouvais lui souhaiter pour l’avenir :  » Continuer à prendre du plaisir à faire mon travail même si ce n’est pas simple tous les jours. Garder du sang froid et de l’espoir, continuer à faire de bonnes choses et pouvoir réaliser mes rêves. C’est-à-dire : avoir Magondeau en bon état et avoir un bateau sur l’Isle pour pouvoir balader des clients et des importateurs. Parce que l’on vend du vin mais aussi une part de rêve ! Le vin est un produit de convivialité. C’est un produit qui va rassembler et faire parler qu’il soit bon, mauvais ou moyen. Il faut qu’il y ait une histoire sinon on boit de l’eau ! »

« C’est la passion qui m’anime ! »

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N’hésitez pas à aller à la rencontre d’Olivier au Château Magondeau pour découvrir la propriété ainsi que ses vins !

Rosé de saignée : Retrouvez l’explication dans mon article sur l’élaboration du rosé.

2 commentaires sur « Château Magondeau, une histoire ancestrale La suite »

  1. Chère Anne-Pauline, puisses tes articles et notamment celui-là, être lus, être diffusés dans toutes les presses spécialisées afin que les amoureux du vin prennent conscience de la complexité qui englue les vignerons dans les tracasseries, les inquiétudes et les avenirs incertains…heureusement qu’il y a des combattants de l’armée de Bacchus pour oser dire, pour oser faire et pour proposer du vrai vin issu de nos vraies vignes. Tu contribues, aussi ma chère Anne Pauline, à cette oeuvre. Félicitations pour ce bel article.

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