Château Barail du Pourteau

Situé sur les hauteurs de Guitres et non loin de Bayas se trouve le Château Barail du Pourteau sur un lieu-dit qui était voué à disparaître. Sébastien Gaury est la 5e génération sur la propriété et c’est son arrière grand-père, conseiller municipal à l’époque, qui s’est opposé à sa suppression en disant : « Non on garde ce lieu ! un jour il y aura un château ici ! » Il était visionnaire. Partons à la découverte de ce vignoble !

« La première pierre de l’entreprise familiale a été posée en 1904 et petit à petit elle s’est agrandie. Mon grand-père m’a transmis sa passion et j’ai moi aussi voulu travailler dans ce milieu. Je me suis lancé dans les études en faisant deux ans de BEP à Blanquefort, une année d’aide familiale. Par la suite, j’ai fait un BPREA c’est-à-dire un brevet professionnel responsable d’exploitation agricole à La Réole. Nous avons eu un drame familial, j’ai perdu mon grand-père, je suis parti travailler ailleurs et ça m’a forgé le caractère. En 2016, mon père a décidé de prendre sa retraite, j’ai repris l’exploitation à la suite. » Des changements ont été faits comme replanter la vigne. A l’heure actuelle, la vigne au Château Barail du Pourteau à 15 ans environ.

« C’est au côté de mon grand-père Michel que j’ai beaucoup appris le travail de la terre. C’est pour lui rendre hommage que cette cuvée est ainsi nommée ! »

Sébastien

« J’ai environ 8 hectares avec 90% de merlot, 7% de cabernet franc et cabernet sauvignon et 3% de malbec. En 2021, j’ai fait ma première récolte de ce cépage. Le plus gros de ma production part avec les négoces. Je n’ai pas la place de faire des bouteilles, je ne fais pas non plus de salons. Nous vendangeons à la machine sauf une parcelle que l’on fait à la main. Mes vignes sont sur Guitres et Bayas. Nous produisons deux étiquettes en rouge : la première qui est le Château Barail du Pourteau en appellation Bordeaux et en 100% merlot. La deuxième, Chevalier Saint-Michel, en l’honneur de mon grand-père qui m’a transmis sa passion, est en appellation Bordeaux Supérieur et avec comme cépages 85% de merlot, 10% de cabernet franc et 5% de cabernet sauvignon. Le vin est élevé 18 mois en fût de chêne. Nous faisons également un peu de rosé qui porte l’étiquette Ossanna, le prénom de ma première petite-fille. Il est composé de 50% de merlot, 25% de cabernet franc et de 25% de cabernet sauvignon. Je suis en train de réfléchir pour faire un rosé pétillant qui porterait le nom de mon petit-fils. » Vous pouvez retrouver le Château Barail du Pourteau sur certains marchés gourmands.

Concernant les traitements : « Je suis sensibilisé par l’environnement ! Nous étions en agriculture conventionnelle depuis toujours. Mes grands-parents puis mon père ont suivi l’évolution notamment des produits. Moi, pour le moment, je ne suis pas passé en bio mais j’ai la certification HVE 3. Je n’emploie plus de produits CMR* et j’utilise très peu de désherbants. Il faut surtout savoir utiliser les produits à bon escient. J’ai fait des choix personnels avant de les faire pour avoir une certification ! Je suis en HVE mais je ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Les négoces me disaient que les vins de cette catégorie partaient mieux mais moi ça ne me vient même pas à l’idée de le dire. Je suis très critique sur cette certification ! C’est pour moi un permis à point, je ne pense pas que le système durera. Ca ne parle pas aux gens. Cerise sur le gâteau, je cherchais à vendre le reste de mon 2019 en même temps que tout mon 2020 et j’ai prévenu ma courtière que le 2019 n’était pas encore en HVE car elle voulait le prendre en un seul lot. Elle était sceptique sur le fait de le vendre et l’histoire s’est mise à traîner. J’ai donc contacté un autre courtier, celui-ci m’a dit la même chose mais il m’a finalement trouvé un négociant qui n’en avait rien à faire du HVE et qui a fait partir le vin en Chine… »

« Le bio pourquoi pas ! J’utilise de moins en moins certains traitements »

sébastien

Vers une transition dans le bio ?  » J’y réfléchis de plus en plus. Il y a certains produits dont je me passe. Il y a aussi un aspect financier : quand je vois le prix des traitements, je me dis pourquoi ne pas employer que du cuivre. »

« Mon arrière grand-père était un des fondateurs de la cave coopérative de Guitres. Donc lui-même, mon grand-père ainsi que mon père portaient leurs récoltes en cave. Seulement à ma reprise de la propriété, j’ai décidé de monter un chai à la place de l’étable où mon grand-père avait ses vaches et de faire mon propre vin. Cela fait donc la 6e année que je fais mon vin. Pour plusieurs raisons, la première était l’envie de faire mon propre nectar, la deuxième était une question financière. Quand on amène à la cave, on a de nombreuses charges et je préfère pouvoir les maîtriser. Ca rapporte un peu plus de faire le vin chez soi, même si la période est très compliquée. Mais également parce qu’en 2011, la cave de Guitres a fermé ses portes et qu’elle a fusionné avec celle de Maransin. Je suis allé visiter une fois le lieu et j’avais l’impression d’être dans un lieu d’intrigue policière. En tant que guitraud il était hors de questions que l’on change de cave ! » Ses grands-parents avaient beaucoup de blancs et faisaient de la Fine de Bordeaux puis Guitres est proche de la Charente, donc ça partait beaucoup pour faire du Cognac.

« Mon grand-père faisait de la polyculture et de l’élevage. Je m’y intéresse de plus en plus avec les années difficiles de la vigne. Mais ce n’est pas le tout d’en faire, il faut y réfléchir sérieusement. Les projets se font sur plusieurs années. Il y a un coût d’investissement. Il faudrait que les syndicats nous aident plus, à nous les plus petits châteaux pas seulement aux grands châteaux ou ceux faisant partie des grandes appellations. Il faut que notre argent serve à quelque chose ! Parce qu’on paye mais nous n’avons pas de retour ! Il faudrait mettre en place un prix minimum auquel vendre notre vin aux négociants. Car nous travaillons durement, nous vivons mais nous ne pouvons pas investir et c’est le serpent qui se mord la queue ! »

N’hésitez pas à aller à la rencontre de ce viticulteur pour déguster ses vins et en acheter !

CMR : est une catégorie de produits chimiques : il s’agit de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

7 commentaires sur « Château Barail du Pourteau »

  1. Chère Anne-Pauline, tu prêches un convaincu. Tu as raison de mettre en valeur le petit Vigneron, celui qui oeuvre pour maintenir la qualité tout en privilégiant l’écologie et tout simplement le naturel. Je vais aller visiter cette propriété, déguster et acheter quelques bouteilles de ces nectars que l’on ignore souvent. Merci pour l’excellence de ton article.

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